Le château

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jeudi 5 juin 2014

La Vierge de Courchavon.

Au siècle dernier, à chaque fois qu'un agriculteur se rendait de Boncourt à Porrentruy, il arrêtait son attelage à l'entrée de Courchavon et ne manquait pas de saluer d'une prière la grotte où l'on vénérait Notre-Dame de la Roche. L'anfractuosité rocheuse, où l'on avait placé la Vierge, lui donnait son nom. 
De même, les paroissiens de Courchavon se rendaient à cette roche, chaque dimanche du mois de mai, pour autant que la circulation routière le permettait encore.

Les chrétiens  qui s'arrêtaient,  le faisaient plus par dévotion que pour y reconnaître une oeuvre d'art. D'ailleurs, il ne savaient pas qu'ils étaient en présence d' un trésor !



En 1956, le curé du lieu, Monsieur l'abbé Marcel BITSCHY, intéressé à en savoir plus sur cette statue, sollicita de la part de spécialistes un examen plus approfondi. 
Or, sous une couche épaisse de plâtre, protégée par l'étoffe  des habits dont on avait revêtu la statue, on découvrit une merveilleuse Vierge de chêne, portant l'Enfant sur son côté gauche. Le curé et la paroisse décidèrent de restaurer cette statue.
L'heureuse découverte fut exposée dans la vitrine de la Librairie La Bonne Presse, à Porrentruy, pour que personne n'en ignorât l'existence. Durant des années -osons-nous le faire remarquer- cet inestimable chef d'oeuvre était au bord du chemin, exposé à l'humidité et à la poussière. 
On pense, en effet, que la statue fut celle de l'église primitive, dont il ne reste que la tour, incendiée au XVIème siècle, lors des incursions dites suédoises, et désaffectée au XIXème !
En 1963, l'abbé Marcel BITSCHY inaugura, sur le flanc sud de l'actuelle église paroissiale, une petite chapelle, pour recevoir la statue, dont l'origine est peut-être bourguignonne.
La Vierge de Courchavon
La statue est en bois de chêne avec quelques réparations repérables dans les plis de la robe. Sa hauteur est de 146 centimètres et les spécialiste pensent qu'elle est de la fin du XIIème siécle (1280).

La Vierge se présente debout, taille haute, revêtue d'une longue robe aux plis serrés, retenus par une ceinture ou un cordon.

Le port des longs vêtements, faits d'étoffes souples, à plis serrés, exigeait une éducation complète, une habitude acquise à certains mouvements et gestes, qui s'alliaient avec ces habillements. Ainsi le manteau est ici semi-circulaire, d'étoffe plus épaisse. Il est rejeté sur les épaules et retenu sur les avant-bras.

Le voile est initialement attaché à une calotte de cuir sur laquelle reposait la couronne.

Claude LAPAIRE pense que "cette Vierge portait autrefois une couronne qui retenait son voile". 

Jusqu'au XIIIème siécle les robes ne portent pas de collets, elles sont taillées sans retroussis et leur ouverture supérieure s'applique sur la peau à la base du cou. Le manteau reste grand ouvert et retombe en longs plis sur les hanches de la Femme.

Le dos de la statue est grossièrement sculpté, comme équarri à la hâche. Il s'agit donc d'une statue faite pour être adossée, ainsi qu'elle se présente.

L'Enfant
La Vierge tient l'Enfant sur l'avant-bras gauche. Vêtu d'une longue tunique, le drapé est sans grand retombé. Il se présente tête nue. Son attitude est ambigüe: assis, Jésus cherche à se relever, tandis que la main gauche de la Vierge retient son Enfant. 


L'expression est souriante et malicieuse. LAPAIRE fait remarquer que "la main droite de la Vierge, l'avant bras droit et le bras gauche de l'Enfant sont modernes ... et que le visage de l'Enfant est mutilé".

Sans devoir trop insister, on remarque l'intervention malhabile du "restaurateur": la main gauche de l'Enfant est disproportionnée et semble raide; la droite, ...tient le globe terrestre, alors que, en 1280, les conditions géographiques de la terre, ne sont pas encore totalement fixées! C'est sous l'influence des voyages ( Marco Polo + 1323) que le monde cultivé prend progressivement conscience de la rotondité de la terre. Plus tard on en fera un attribut de souveraineté des empereurs et des rois. 
Cet ensemble doit être considéré comme la plus ancienne Vierge debout de l'époque gothique en Suisse ( Claude LAPAIRE)
Source : http://histoire-religieuse-jura.blogspot.ch

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